Dans un contexte actuel tendu pour la sécurité (modèles opérationnels à repenser, crises successives, économiques puis post pandémiques), l’Institut européen des sciences avancées de la sécurité (IESAS) entend aider à dynamiser le secteur (voir encadré ci-dessous) et apporter sa contribution pour l’aider à faire face aux défis actuels : insécurité, violences urbaines, immigration clandestine, risques climatiques, cyber ou sanitaires, etc.
Des membres de l’IESAS rassemblés en groupe de travail se sont mobilisés durant un an pour mener leurs réflexions et proposer un document riche et pertinent, destiné à faire avancer les choses.
Analyses et prospective
D’après le Livre blanc, la sécurité privée est « un colosse au pied d’argile », dont la complémentarité avec la sécurité publique n’est pas toujours au rendez-vous. La crise sanitaire a de plus aggravé les difficultés de recrutement auxquelles fait face le secteur.
La première partie de cet ouvrage est consacrée au continuum de sécurité, qui doit selon les auteurs faire l’objet d’une « remise à plat » et d’un rééquilibrage des attributions entre privé et public. Le Livre revient d’abord sur les missions de la sécurité en France : qui fait quoi entre la Police nationale et municipale, la Gendarmerie nationale et la sécurité privée. On y rappelle notamment que la sécurité privée employait fin 2021, 197 900 salariés. Une main d’œuvre qui se voit proposer des salaires « historiquement bas » malgré des conditions de travail exigeantes. Pour maintenir une sécurité privée de qualité à la hauteur des besoins, le Livre blanc préconise notamment : la création d’une direction de la sécurité privée au sein du ministère de l’Intérieur, de doter les personnels du secteur d’une carte professionnelle unique ou encore d’intégrer des stages obligatoires dans la formation TFP-APS en rapport avec la spécialité. La condition de la réussite du continuum de sécurité est la coproduction entre les deux secteurs public et privé.
« L’État central (les administrations et les préfets) doit assurer son rôle de coordonnateur, de contrôleur et de régulateur et se désengager de son rôle d’acteur », explique Francis Serrano, président de l’IESAS.
Dans une deuxième partie, le Livre blanc aborde les notions d’intelligence et d’influence dans la sécurité : quelles intelligences doivent être exercées pour faire du citoyen de demain un acteur de son destin ? Il s’interroge sur la façon de rendre chaque citoyen actif et conscient du fonctionnement et des défis de la sécurité au sein de la société.
« Il s’agit d’apprendre aux gens à rechercher et vérifier les informations, mais aussi à renforcer l’esprit de nation », poursuit Francis Serrano. La dernière partie du Livre blanc est dédiée à la prospective. Les auteurs y constatent qu’il n’existe « ni coopération efficace, ni synergie utile, ni structure fédérée en sécurité globale ».
Pour l’IESAS, les clés de la réussite seraient de miser justement sur la complémentarité, de développer des campagnes d’attractivité sur la filière, de saisir les opportunités de l’IA dans laquelle peut résider des solutions… La sécurité privée « doit devenir une force préventive pour mieux gérer les risques » conclut le Livre.
L’IESAS, des femmes et des hommes pour penser la sécurité
L’Institut européen des sciences avancées de la sécurité est un think tank créé il y a 25 ans, consacré aux sujets de la sécurité et de la sûreté.
Il rassemble des professionnels et experts du secteur, aussi bien du public que du privé, des magistrats, des assureurs des associations et des fédérations professionnelles. Tous bénévoles, ils ont la volonté de s’engager pour faire évoluer et renforcer la notion de sécurité au sein de nos sociétés, pour appréhender les nouveaux risques, s’engager en faveur de l’innovation du secteur ou encore organiser le dialogue entre les institutionnels et les industries.
La mission de l’IESAS est résumée par sa devise : « Réfléchir et agir pour un avenir plus sûr ». Plusieurs fois par an, des conférences thématiques sont organisées sur ces sujets pour réfléchir ensemble à l’avenir du secteur.