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JO et Coupe du monde de rugby : terrains expérimentaux des caméras-piétons par les agents de sécurité privée

Un recrutement massif d’agents de sécurité privée est nécessaire en vue de la Coupe du monde de rugby de 2023 et des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Ces événements d’une ampleur inédite pourraient servir de terrain d’expérimentation à l’extension de l’utilisation des caméras-piétons aux agents de sécurité privée. Explications de Cédric Paulin, secrétaire général du GES.

Pouvez-vous rappeler les enjeux et les spécificités en matière de sécurité de la Coupe du monde de rugby 2023 et des JO Paris 2024 ?

Cédric Paulin : La Coupe du monde de rugby et surtout les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) vont drainer un nombre exceptionnel de spectateurs français et étrangers. Ces deux événements ne sont cependant pas de même nature. La Coupe du monde de rugby va se dérouler du 8 septembre au 23 octobre 2023, sur une dizaine de villes hôtes de la compétition, dans neuf stades pour 48 matches, sans compter les « fans zones », des zones de célébration réservées aux supporters. Cet événement sportif va donc être étendu à la fois dans le temps et dans l'espace. Près de 600 000 visiteurs étrangers sont attendus sur le territoire. Nous prévoyons environ 8 000 agents de sécurité privée, ce qui sera plus facile à mobiliser que pour les JOP.

En revanche, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 se déroulent sur un temps très resserré : du 26 juillet au 11 août 2024 pour les JO et du 28 août au 8 septembre 2024 pour les Jeux Paralympiques. De plus, de 80 à 85 % des sites et des événements seront concentrés en région Île-de-France. 13,5 millions de spectateurs sont attendus, contre 3 millions pour l’Euro 2016. La mobilisation des agents de sécurité privée va être exceptionnelle, à la hauteur du plus grand événement jamais organisé par la France. La cérémonie d'ouverture qui va se dérouler sur la Seine, dans un espace ouvert, va notamment poser un réel défi pour la sécurité, à la fois publique et privée. Dès lors que vous avez une telle concentration de spectateurs, vous avez inévitablement des petits conflits entre personnes, des recrudescences de vol, etc., sans compter le risque terroriste. Il va falloir recruter entre 20 000 à 25 000 agents de sécurité supplémentaires.

Quelle sera la place de la sécurité privée dans ces événements ?

C.P. : Les entreprises de sécurité privée vont sécuriser d'abord et avant tout les sites olympiques privés. Il s’agira donc de contrôler l'accès aux lieux, de réaliser leur sécurisation, leur surveillance, y compris pendant la nuit. Avant même l’ouverture des JOP, les agents de sécurité privée seront chargés de la sécurité de ces sites, de leur matériel et du personnel.

Comment vous y préparez-vous ?

C.P. : Il n'est pas évident de recruter pour un événement ponctuel, qui s'ajoute à toutes les autres prestations existantes. On multiplie les réunions, les hypothèses et les pistes. Nous essayons de recontacter les agents de sécurité privée qui ont leur carte mais ne travaillent plus dans le secteur. Nous pensons aussi aux licenciés des fédérations sportives ou aux étudiants, via leurs fédérations, ou encore aux demandeurs d'emploi qui seraient intéressés pour travailler dans la sécurité privée. Nous menons ces travaux en concertation avec la DIJOP*, le ministère de l’Intérieur, la CNSJ**, le CNAPS***, le ministère du Travail, Pôle Emploi, les missions locales, les départements, les villes. Il n'y aura pas de solution miracle, mais une multiplication de dispositifs, d'assouplissements ou d'évolutions réglementaires en matière de sécurité privée.

C'est dans ce contexte complexe que vous souhaitez étendre l’utilisation des caméras-piétons aux agents de sécurité privée dans le cadre de la Coupe du monde de rugby et des Jeux Olympiques et Paralympiques. Pouvez-vous préciser la position du GES à ce sujet ?

C.P. : Au regard du nombre de spectateurs présents pour ces événements d’une ampleur inédite, des risques éventuels, de la tension qui pèse sur les agents de sécurité privée, nous avons besoin de mesures de protection, d’outils de réassurance pour les mobiliser. C’est l’un des objectifs des caméras-piétons : ce sont des outils de dissuasion efficace en cas d’agression.

Je pense qu’il est crucial de profiter de ces événements d’une ampleur inédite pour avancer et réaliser des expérimentations encadrées et réglementées sur l’utilisation des caméras-piétons par les agents de sécurité privée. Cela permettra de faire des retours d’expérience afin d’analyser la possibilité de pérennisation de telles mesures. L’utilisation des caméras-piétons fera peut-être partie de l’héritage que laisseront les JOP au secteur de la sécurité privée.

Nous sommes actuellement en discussion avec le ministère de l'Intérieur et avec le Préfet Olivier de Mazières, Délégué ministériel aux partenariats, aux stratégies et aux innovations de sécurité au ministère de l'Intérieur, qui a en charge toute une partie du volet technologique en matière de sécurité en lien avec les Jeux Olympiques et Paralympiques.

* Délégation interministérielle aux jeux olympiques et paralympiques

** Instance de Coordination Nationale pour la Sécurité des Jeux olympiques 2024 et des grands événements sportifs internationaux

*** Conseil national des activités privées de sécurité

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