Piloter la sécurité d’une entreprise ne s’improvise pas
Les entreprises s’en rendent compte rapidement : il n’existe pas de recette miracle et universelle pour mettre en place une stratégie de sécurité . « Chaque situation est différente et nécessite de construire des indicateurs de performance pertinents au cas par cas », prévient Olivier Hassid, expert en sécurité et président de la société Corporate Security Intelligence (CSI).
Certes, il existe des données mesurables communes à toutes les entreprises, comme le nombre d’intrusions au sein d’un établissement, ou le nombre d’agressions subies par le personnel, ou encore celui des audits de sécurité réalisés. Mais ce socle atteint rapidement ses limites. Pour être pertinents, les indicateurs doivent être définis en fonction des activités de l’entreprise. Ainsi, ils ne seront pas les mêmes sur une plate-forme logistique où la supply chain est un élément majeur à prendre en considération, dans une usine d’assemblage automobile ou dans un atelier de production de batteries.
Dans les secteurs les plus sensibles, le nombre d’ingérences extérieures sera déterminant, tandis que cet indicateur n’aura pas vraiment de sens dans un hypermarché, où l’indicateur clé sera le nombre de vols ou ce que l’on appelle la démarque inconnue pour désigner notamment ceux commis par les salariés.
« Quels qu’ils soient, les indicateurs retenus doivent impérativement être déclinés en sous-indicateurs, afin de pouvoir mesurer le plus finement possible les performances des dispositifs de sécurité mis en place », souligne Olivier Hassid. En effet, un indicateur global pourra diminuer pour des raisons très diverses, du fait de mesures de sécurité plus efficaces, ou parce que le nombre de délits aura reculé, ou bien parce que la typologie de la criminalité aura changé.
L’action du directeur de sécurité de l’entreprise
En outre, se munir d’indicateurs ne vise pas uniquement à mesurer des performances a posteriori. Cela permet au directeur de la sécurité de l’entreprise de chiffrer ses enjeux en amont, de mieux négocier son propre budget avec la direction, et ensuite de pouvoir rendre des comptes.
Trop souvent encore, le top management n’a pas connaissance de ce que fait ce directeur. « Ce dernier peut se réfugier derrière l’argument de la confidentialité pour ne rien dire de ses actions. Il doit apprendre à communiquer, sans pour autant trop en dire. C’est une affaire d’équilibre », précise Olivier Hassid.
En clair, un directeur de la sécurité trop versé dans la communication interne peut s’avérer contre-productif lorsqu'il passe son temps à mener des opérations de sensibilisation des salariés de son entreprise ou à proposer à ceux-ci des formations. C’est à lui qu’il revient de trouver la bonne distance, en tenant compte de la culture de l’entreprise et de la personnalité de ses dirigeants.
Travailler avec les agents de sécurité sur le terrain
Une fois cette question résolue, le directeur de la sécurité a tout intérêt à établir des tableaux de bord. Mais pour ce faire, il ne faut pas s’interdire de parler aux agents de sécurité qui interviennent sur ses sites. « Tout le monde le sait aujourd’hui, les directeurs de la sécurité se doivent de travailler main dans la main avec les prestataires de sécurité privée, car les agents de sécurité présents sur le terrain sont des collecteurs de données phénoménales », relève Olivier Hassid.
Les data obtenues grâce aux outils technologiques permettent de faire remonter les incidents mais elles sont incomplètes, sans l’adjonction des observations humaines. C’est en utilisant l’ensemble des données disponibles que les indicateurs de performance prennent tout leur sens et que l’analyse du risque devient plus pertinente. En conséquence, le niveau de sécurité de l’entreprise s’accroît significativement.
