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Prévention ou dissuasion pour la sécurité des entreprises ?

Dans le secteur de la sécurité, les termes de dissuasion ou de prévention peuvent parfois prêter à confusion. Le point sur l’origine et le sens qui se cachent derrière ces notions.

Menacer pour décourager d’entreprendre une action indésirable. Voilà en quoi consiste la dissuasion, cette théorie selon laquelle un individu mal intentionné peut être empêché d’agir, par peur des conséquences.

À l’origine, le terme de dissuasion était employé par les militaires. « L’idée est de montrer aux auteurs potentiels d’actes malfaisants qu’ils n’ont aucun intérêt à participer à des opérations délictueuses. Mais en France, on confond la plupart du temps dissuasion et prévention », pointe le sociologue Christian Mouhanna, chargé de recherches au CNRS.

Par ignorance ? « Dans le débat public, on mélange les deux à dessein. On parle par exemple de prévention situationnelle, expression signifiant que l’on peut équiper certains lieux d’outils à même d’éviter tout cambriolage. Mais ceci n’a rien à voir avec la véritable prévention », observe cet expert, auteur d’un ouvrage intitulé « La police contre les citoyens »*.

La prévention s’attaque aux causes de la délinquance

Quand on fait savoir que des outils de surveillance existent, les cambrioleurs potentiels se ravisent, comprenant qu’ils risquent très probablement d’être arrêtés et mis en prison. « La prévention, ce n’est pas cela. C’est aider les gens à ne pas devenir des délinquants. L’approche philosophique est complètement différente », explique M. Mouhanna. Si la dissuasion relève d’une logique répressive consistant à faire peur, à menacer, la prévention vise, elle, à s’attaquer aux causes de la délinquance, à ses racines sociales, comme la pauvreté et le chômage.

Pour comprendre cette notion de prévention, il faut remonter 75 ans en arrière. Au sortir de la Seconde guerre mondiale, le programme du Conseil national de la résistance, avec la loi pénitentiaire et la fameuse ordonnance de 1945 sur les mineurs. Elle donne des orientations en insistant sur l’aspect social du problème de la délinquance. La priorité est donnée à l’éducation des enfants et à la réinsertion des délinquants, en raison des besoins en main d’œuvre, requis par la reconstruction du pays.

« Depuis cette époque, le parallèle entre la situation économique et la façon dont on appréhende la délinquance est clair », note Christian Mouhanna. Quand le pays est en croissance, c’est la prévention qui prime. Quand il fait face à des difficultés, la logique de la répression prend le pas. « Quand les temps sont durs, tout se passe comme si on ne savait plus quoi faire d’une bonne partie de la population. Le discours de la menace, de la pression, envahit alors la politique », décrypte l’expert.

La dissuasion pour anticiper

La primauté de la dissuasion sur la prévention date du milieu des années 1980 et de l’apparition du chômage endémique. « C’est d’autant plus curieux que face à une autre problématique qui augmente de décennie en décennie elle aussi, je veux parler de la délinquance économique et financière, la dissuasion reste très modeste. Elle est beaucoup plus lente à se mettre en place et prévoit une échelle des sanctions bien moindre », fait remarquer Christian Mouhanna. Les différences intrinsèques entre prévention et dissuasion diffèrent ainsi dans le temps, selon les domaines auxquels l’une et l’autre s’appliquent. Une bonne raison d’appréhender la question avec la plus grande prudence.

*Champ Social Editions, 2011.

Prévenir et dissuader

Pour Securitas, la dissuasion n’est pas une forme dévoyée de la prévention. Elle n’est surtout pas un vain mot, loin s’en faut. « Sur les sites de nos clients, nous proposons des services de sécurité mobile et nos agents de sécurité mobile circulent dans des véhicules portant le logo Securitas, pendant la fermeture des entreprises, la nuit, le week-end et les congés, les jours fériés… Les circuits de vérification peuvent s’effectuer de manière aléatoire, sans routine sur le jour, l’horaire, ni le nombre de passages pour insécuriser quotidiennement les malfaiteurs », indique Matthias Martin, Commercial sécurité mobile de Securitas.

Ce type de service a pour objectif d’empêcher les intrusions et les actes de malveillance, tags, squats, dégradations matérielles en tous genres, vols, intrusions. « Avec la crise sanitaire, de nombreux salariés sont en télétravail et beaucoup de sites sont déserts depuis des mois. La dissuasion prend tout son sens et on fait de plus en plus appel à nous pour sécuriser des bâtiments inoccupés », rapporte M. Martin. Lors de leur passage sur site surveillé, les agents de sécurité mobile utilisent un smartphone connecté qui leur donne accès à toutes les informations du site, ainsi qu’à toutes les consignes à suivre en cas d’événement anormal.

Securitas invite en outre ses clients à signaler sur leurs portes, leurs grilles ou leurs barrières la protection du site grâce à des plaques ou des stickers. Cela montre que le site est sécurisé et cela diminue les intentions d’actes malveillants qui peuvent parfois entraîner une perte d’exploitation. Les services de sécurité mobile sont adaptés à chaque client et il est possible de mutualiser la prestation entre plusieurs entreprises au sein d’une même zone, de façon à organiser des circuits de vérification dans tout un secteur. Résultat, les passages des agents de sécurité mobile sont plus fréquents et le budget maîtrisé. « Nous sommes réellement dans la logique du mieux vaut prévenir que guérir », conclut Matthias Martin.

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