En France, le confinement est une procédure de sécurité qui a pris de l'ampleur depuis les attentats de 2015. A la suite des attaques du 13 novembre, le gouvernement avait lancé une campagne de sensibilisation avec des instructions pratiques s'articulant autour du triptyque « s’échapper, se cacher, alerter ».
Auparavant, la règle générale qui s'appliquait en cas de danger était l'évacuation, normée dans le cadre de la sécurité incendie. Face à la montée en puissance de la menace terroriste et d'autres types d’attaques comme les attaques chimiques ou les actions individuelles, les tactiques de protection ont évolué, notamment pour les Établissements Recevant du Public (ERP) comme les centres commerciaux, les hôpitaux, les écoles ou encore les salles de spectacles. Les règles d'évacuation sont maintenues, mais le confinement s'y ajoute.
L’affiche de sensibilisation du gouvernement indique « Avant l'arrivée des forces de l'ordre, ces comportements peuvent vous sauver ».
L'objectif premier du confinement est en effet de gagner du temps car le pic de létalité se situe dans les toutes premières minutes de l'attaque. Ce gain de temps est synonyme de gain de vies humaines, en attendant que les services de l’État interviennent et gèrent la menace.
Que faire en cas d’attaque extérieure ou intérieure au site ?
Plusieurs cas de figure sont à prendre en considération pour déclencher ou non une procédure de confinement :
- Lorsque l'attaque se produit à la périphérie du site, la règle qui s'applique est le confinement à 100 %. Le directeur sûreté ou le responsable sécurité de l'ERP décide dans ce cas que ses salariés et clients doivent rester sur place et organise la défense du lieu.
- Lorsque la menace se situe à l'intérieur du lieu, il faut choisir entre le confinement et l'évacuation. Si s’échapper semble trop dangereux, alors le confinement est la procédure à adopter.
Étude préalable
Pour prendre les bonnes décisions le moment venu, il est indispensable d'avoir réalisé au préalable une étude tactique, assortie d'une méthodologie par hypothèses selon si c’est une attaque d'une personne seule ou alors un commando terroriste par exemple.
Cette étude permet d'imaginer en amont les différents scénarios possibles et les chemins d'accès des personnes malveillantes. Selon ce plan de protection, il faudra évacuer par telle ou telle issue, ou confiner, ou encore les deux.
Il est donc essentiel d'élaborer un plan de mise en sûreté prévoyant notamment :
- les missions des personnels,
- les coordonnées des forces de sécurité intérieure les plus proches,
- les zones possibles de confinement. Ces zones doivent être repérées, cartographiées en amont, aménagées (si possible avec un point d’eau et des toilettes) et certaines sont durcies par des normes de résistance (portes, cloisons, serrures), en vigueur en France pour les ERP et les lieux de travail. Les salles de confinement ou « panic rooms » sont de plus en plus demandées en France et en Europe.
Exercices de préparation
La préparation à un éventuel confinement consiste également à l'information et à la sensibilisation des personnels plusieurs fois par an, ainsi qu'à des exercices. En France, depuis la rentrée 2016, un arrêté impose des exercices de confinement en milieu scolaire.
Durant l'année scolaire, chaque établissement scolaire doit réaliser trois exercices de sécurité, dont un avant les vacances de la Toussaint - prioritairement l'exercice « attentat intrusion ». Ces exercices anti‑attaques existent depuis longtemps aux Etats-Unis. La menace du « loup solitaire » (attaque à main armée par une personne seule) étant la plus élevée, sur les campus ou dans des lieux publics, les universités et écoles américaines organisent des exercices de confinement poussés et souvent très réalistes. Dans l'ensemble des pays anglo-saxons, le confinement (ou « locked-down procedure ») est beaucoup plus répandu, même lorsque la menace est à l'intérieur du site.
Déroulement du confinement
Au cours des exercices, les personnels ou les élèves pourront se familiariser avec le déroulement de la procédure de confinement :
- Un message le moins anxiogène possible est diffusé à l’attention du public. L’objectif est d’éviter à tout prix de déclencher une panique.
- Une fois dans la zone de confinement repérée en amont, les portes sont bloquées, les lumières éteintes, les personnes s'éloignent des issues et s’allongent au sol, le silence est respecté (téléphones éteints). Il faudra également rester vigilant aux comportements anormaux (stress extrême, comportement agressif ou suspect). Le confinement ne pourra être levé qu'après autorisation des forces de sécurité intérieure.
- Le public sera alors guidé vers l'extérieur en fonction des consignes des autorités.
Dans tous les cas, la procédure de confinement ne peut avoir lieu que si une étude des menaces du site et des scénarios préparatoires ont été élaborés.