Crise sanitaire, catastrophes naturelles, fragilité de la supply chain, tensions géopolitiques, cyberattaques, radicalisations… Les risques et les menaces pour les entreprises sont en constante évolution dans un monde en plein bouleversement. Comme le souligne le Livre blanc de la fonction sécurité-sûreté en entreprise du CDSE, « ces crises récentes démontrent que les problématiques de sécurité et de sûreté doivent être intégrées pleinement à la stratégie des entreprises » afin d’améliorer leur protection par rapport aux risques et aux menaces qui pèsent sur elles. En France, la plupart des grandes entreprises ont une direction sécurité-sûreté corporate. Le livre blanc donne la parole à ces experts travaillant dans de grands groupes : Orange, Thales, Kering, Manpower, EDF, Pernod Ricard, Danone, Renault, Unibail Rodamco-Westfield, etc.
Privilégier « le mieux disant »
« La fonction sûreté, transverse par essence, est à la croisée des gouvernances de performance (création de valeur) et de conformité (maîtrise des risques) qui forment les deux piliers de la gouvernance d’une entreprise », précise ainsi Bernard Galéa, vice-président sûreté et intelligence économique du groupe Danone et administrateur du CDSE. En lien avec les services « achats » de l’entreprise, le directeur sûreté-sécurité doit privilégier « le mieux-disant » lors de l’attribution d’un contrat à une entreprise de sécurité privée. Car, comme l’indique le livre blanc, une attribution sur « la seule base du tarif, “le moins-disant”, génère plusieurs risques à des niveaux élevés en termes de qualité de la prestation : contrôle interne au prestataire, management local, non-paiement des charges sociales et patronales, travail dissimulé, travail illégal ou non-conforme aux législations en vigueur, formation insuffisante du personnel, défaillance du prestataire… »
Renforcer la professionnalisation de la filière
À l’heure où la France va bientôt accueillir deux grands événements d’ampleur internationale avec la Coupe du monde de Rugby (2023) et les Jeux olympiques et paralympiques de Paris (2024), le CDSE préconise de renforcer la professionnalisation de la filière et la qualité de la formation des agents de sécurité privée, qui « en tant que primo-intervenants constituent des capteurs précieux de signaux faibles et de matérialisation de la menace ». Une réforme de la formation professionnelle des agents de sécurité privée d’autant plus nécessaire que le secteur privé constitue « la troisième force de sécurité de notre pays », comme l’a souligné Gérard Darmanin, ministre de l’Intérieur, lors du colloque annuel du CDSE en décembre 2021.
Les quatre recommandations du CDSE pour la sécurité privée
- Réformer la formation professionnelle en sécurité privée
- Instaurer un mécanisme de garantie financière pour les entreprises de sécurité privée
- Faciliter les échanges entre les donneurs d’ordre et le CNAPS(1), notamment dans le cadre de la mission de conseil de l’établissement public de régulation du secteur
- Créer un « cercle de confiance » public-privé instituant les directeurs de sécurité comme acteurs incontournables du continuum de sécurité et interlocuteurs privilégiés des forces régaliennes dans l’entreprise.