Comment se manifestent les agressions envers les agents de sécurité privée ?
Cédric Paulin : Depuis plusieurs mois, les chefs d’entreprise et les agents de sécurité privée sur le terrain semblent observer une multiplication des agressions verbales et physiques, qui vont de l’insulte aux blessures, en passant par les menaces de mort ou les coups. Cette recrudescence de l'agressivité, des incivilités ou des tensions est notamment perceptible dans l'événementiel, où les agents de sécurité privée semblent parfois servir d’exutoire à certains spectateurs mécontents.
Dans ce contexte, le GES souhaite que la possibilité d’utilisation des caméras-piétons soit étendue aux agents de sécurité privée. Quelle serait l’utilité de ces caméras individuelles ?
C.P. : Depuis 2019, les policiers, les gendarmes, les pompiers et la police municipale sont équipés, parfois à titre expérimental au début, de caméras-piétons. Ce sont de petites caméras, fixées sur l’uniforme au niveau du torse ou de l’épaule, qui peuvent être déclenchées pour enregistrer l'image et parfois même le son. Dans une relation interindividuelle entre l'agent de sécurité privée et une personne agressive qui serait en face de lui, ce dispositif peut jouer plusieurs rôles. C’est avant tout un outil de dissuasion, qui permet d’apaiser les situations conflictuelles et de prévenir les passages à l’acte. Le cas échéant, l’enregistrement des caméras-piétons permettrait de contextualiser la gestion du conflit et de servir d’élément de preuve pour montrer que l’agent de sécurité privée se trouvait bien dans une situation de légitime défense ou d’état de nécessité.
Quelles sont les prochaines étapes ?
C.P. : Nous poursuivons actuellement le dialogue avec le ministère de l'Intérieur pour faire évoluer la réglementation afin d’étendre l’usage des caméras-piétons aux agents de sécurité privée, y compris en passant par une phase d’expérimentation, dans les mêmes conditions que les forces de l’ordre par exemple. Cette « protection technologique » viendrait renforcer la protection juridique des agents de sécurité privée. Il ne faut pas oublier qu’ils sont en première ligne, en permanence en contact avec des spectateurs, des consommateurs et des citoyens, dont certains peuvent faire preuve d’agressivité. Dans le cadre du continuum de sécurité, il n’y a aucune raison objective justifiant qu’ils ne disposent pas de ces équipements, au même titre que les forces de l’ordre.