La smart city est un écosystème dont toutes les infrastructures sont connectées. Collecte des déchets, mobilité, gestion des réseaux d’eau et de télécommunications, sécurité… génèrent des données qui convergent en temps réel vers des plateformes numériques, véritables hyperviseurs de la ville et du territoire.
Elles sont organisées autour des outils de contrôle de l’espace public. Ces données sont un enjeu majeur pour les territoires qui développent aujourd’hui une expertise non plus uniquement technique mais stratégique et éthique comme l’induit le contrat cadre des territoires de confiance. Selon ses termes, la notion de territoires de confiance se comprend comme "les moyens déployés pour assurer la sécurité de la ville intelligente et des territoires intelligents, y compris l’outremer, jusqu’aux aires portuaires et maritimes".
Mais numériser la ville ne suffit pas à la rendre intelligente. « On ne peut pas déconnecter la smart city de la safe city qui en est une des composantes. La smart city, c’est trouver une gouvernance, des méthodologies, des mécanismes technologiques, intellectuels, économiques, juridiques, sociétaux et environnementaux, qui vont permettre d’améliorer le fonctionnement d’un territoire en positionnant l’humain au centre de la démarche » explique Christophe Papin, Vice-Président de la société SIRADEL.
Il y a dix ans, les smart cities n’étaient encore que des vitrines technologiques au service des grands acteurs du numérique. Elles sont aujourd’hui moins centralisées, plus inclusives et plus humaines : le citoyen doit adhérer au projet, et y être sensibilisé, « pour qu’il ne voit pas la safe city comme une déclinaison de la smart city qui va réduire ses libertés », ponctue Christophe Papin.
Car la sécurité de la ville ne se limite pas à la surveillance « intelligente » des individus, elle s’étend par exemple à la prévention des risques naturels, sanitaires, industriels. « Nice a par exemple investi dans une plateforme de prévision des risques d’inondations fluviales et Issy-les-Moulineaux utilise l’intelligence artificielle pour développer des outils prédictifs appliqués à la circulation urbaine » explique Dominique Legrand, président de l’AN2V.
Un jumeau numérique au service de la ville
Open data, capteurs, réseaux sociaux, tout l’écosystème numérique de la ville ou du territoire génère de la donnée. Le citoyen y contribue également à partir de plateformes dédiées (vote de budget participatif, vigilance des crues…) ou à partir d’applications qui lui permettent de signaler des anomalies (encombrants sauvages…). La collecte de cette combinaison de données multi-sources sert des outils comme le jumeau numérique.
Le jumeau numérique crée une réplique numérique du territoire vers laquelle migre la data issue des infrastructures et du Système d’information géographique (SIG) de la collectivité. Il permet ainsi de modéliser, de façon précise et dynamique, le fonctionnement d’un territoire à travers ses flux et de prédire et simuler des situations pour mieux anticiper les solutions. L’objectif est de pouvoir organiser, via cet outil, l’hypervision du territoire en utilisant et en conjuguant toute la data à des fins d’aménagement et de politique de la ville.
« C’est comme si les données avaient une seconde vie, explique Christophe Papin. Croiser les informations remontées des caméras de vidéoprotection avec celles des floating car data (données GPS et de vitesse des véhicules mobiles sur le réseau routier) par exemple, peut contribuer à l’élaboration de nouveaux schémas et d’offres de mobilité urbaine. Créer ainsi des passerelles entre des outils d’hypervision très opérationnels et des outils de planification urbaine permet d’avoir ce cercle vertueux. »
Le jumeau numérique est aussi le garant d’une approche security by design qui intègre, très en amont, des critères de protection de sites ou d’espace public et des contextes (situation de paix ou de crise climatique, terroriste, sanitaire) dans les stratégies d’aménagement des territoires. « Ces dispositifs doivent être agiles et réactifs pour s’adapter à l’impensable précise Dominique Legrand, président de l’AN2V (Association nationale de vidéoprotection).
Le concept de safe city reste au cœur des enjeux de sécurité des territoires, mais elle est aujourd’hui une opportunité pour rendre la ville plus durable et intelligente.