La démarque inconnue est un véritable poison pour la rentabilité des professionnels du commerce et de la distribution dont les marges sont extrêmement faibles.
Depuis des années, les enseignes françaises enregistrent entre 4 et 5 milliards d’euros de manque à gagner en raison de ces fameux écarts de stock, d’origine « inconnue », découverts à l’occasion des inventaires physiques.
Lorsque la valeur comptable du stock est supérieure à la valeur réelle constatée en rayons, la différence se traduit par une perte nette pour les magasins.
Quatre causes sont identifiées : les erreurs administratives, la casse, le vol interne mais surtout, et avant tout, le vol à l’étalage qui représente près de 60 % de la démarque inconnue en France.
Plus la valeur des produits vendus est élevée et plus le phénomène est important : il représente 3 % du chiffre d’affaires des distributeurs spécialisés en électronique, 1,98 % dans les grands magasins, 1,55 % dans les bijouteries et 1,42 % dans les magasins type entrepôt d’outillage.
Les produits volés sont quasiment toujours les mêmes : les cosmétiques et produits de soins, les vêtements de marque, les accessoires de mode, les articles électroniques et les spiritueux.
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Un taux de démarque variable selon les années
En moyenne, tous types de magasins confondus, la démarque inconnue représente 1,4 % du chiffre d’affaires global mais elle oscille selon les années.
Entre 2007 et 2009, ce taux a augmenté d’environ 4 %, puis il a reculé nettement en 2010 (- 4,2 %) avant de repartir à la hausse jusqu’en 2012 où il a retrouvé son niveau record de 2009 (1,42 % du chiffre d’affaires moyen).
En 2013, la tendance s’est brutalement inversée : avec « seulement » 4,4 milliards d'euros perdus en 2013 contre 5,3 milliards en 2012, les distributeurs français ont réussi à faire chuter la démarque inconnue de près de 20 %.
Le vol à l’étalage est en recul tout comme le vol interne qui représentait 30 % des disparitions en 2011 et « seulement » 16,7 % en 2014.
La riposte de la grande distribution
Ces progrès spectaculaires sont dus principalement aux investissements massifs des distributeurs en matière de sûreté.
Ils y ont consacré 0,37 % de leur chiffre d’affaires en 2009, 0,39 % en 2010 et près de 0,5 % en 2013 pour un montant de 1,97 milliard d'euros.
Les stratégies gagnantes de lutte contre la démarque inconnue combinent de multiples moyens :
- renforcement de la surveillance humaine ;
- généralisation de la surveillance électronique des produits (étiquettes antivol, puces électroniques, boîtiers sécurisés, systèmes de vidéosurveillance, portiques de détection, etc.),
- marquage électronique des produits à la source (dès leur fabrication) ;
- formation et sensibilisation des salariés.
Le retour sur investissement obtenu devrait inciter les distributeurs à poursuivre leurs efforts au cours des prochaines années.