Pourquoi le besoin s’est-il fait sentir de structurer l’activité de détection d’explosifs par les chiens ?
Voilà déjà plusieurs années que la nécessité d’organiser le secteur s’imposait. Il faut s’assurer que la prestation de cyno-détection des explosifs gérée par les entreprises de sécurité privée soit d’un niveau connu et reconnu, à la fois par l’État et par les gens qui achètent cette prestation. Or cette activité n’était jusqu’à présent ni prévue par le Code de sécurité intérieure, ni encadrée.
Depuis quand la cyno-détection est-elle prise en compte par l’État ?
Elle a commencé à être testée en 2016 dans le secteur ferroviaire, avec des chiens qui qualifient les colis abandonnés pouvant potentiellement contenir des explosifs. L’État a autorisé l’utilisation de ces chiens dans le métro parisien et sur le réseau SNCF. Des actions sont menées dans les trains et dans les gares, donnant lieu, en cas de marquage du chien, à des levées de doute par les services de déminage.
Quelle est l’ambition du Cynodex ?
Les besoins de cyno-détection d’explosifs ont été identifiés dans toute une série d’activités. Jusqu’ici, l'emploi des équipes privées dans ce domaine n’était pas encadré. L’élément accélérateur de la mise en place de ce dispositif a été la préparation de la Coupe du Monde de rugby qui aura lieu en France en 2023, de même que les Jeux Olympiques de Paris, en 2024. On sait que les forces étatiques ne suffiront pas à répondre à ces besoins.
Où en est la mise en place du centre de certification ?
Le ferroviaire a été traité par la loi d’orientation des mobilités de 2019, dont les derniers textes d’application sont parus il y a environ six mois. Le transport aérien, lui, est encadré par une règlementation européenne spécifique qui permet déjà à des sociétés comme Securitas de pratiquer la cyno-détection dans les zones réservées des aéroports. L’élargissement aux autres secteurs a en fait été acté en 2021 par la loi pour une sécurité globale. Le centre national de certification Cynodex est l’un des éléments structurants du dispositif.
Où le Cynodex sera-t-il basé ?
La construction de ses locaux est en cours à Biscarosse, dans les Landes. C’est là que se trouvent les services de qualification des équipages de cyno-détection de l’aviation civile et le centre de formation des chiens de l’armée française. Biscarosse va devenir un pôle d’excellence, où les candidats à la cyno-détection viendront chaque année renouveler leur certification technique.
Quelle sera la procédure ?
Le CNAPS délivrera une carte professionnelle propre à la cyno-détection d’explosifs mais avant d’être certifiés par le Cynodex, les agents de sûreté cynophile devront obtenir un titre de formation professionnelle qui reste à créer. A Biscarosse, ils passeront des épreuves avec leur chien, de façon à vérifier que l’animal est en capacité de détecter les produits figurant sur la liste officielle déterminée par l’Etat. La réglementation va évoluer pour que les entreprises privées puissent accéder à de la matière pure et non plus à des imprégnés pour la formation de leurs chiens. Par la suite, les équipages ayant passé avec succès l'épreuve de vérification de la mémorisation des produits seront soumis à des épreuves pratiques de mise en situation opérationnelle. La certification sera renouvelable tous les ans et entre temps, il y aura obligation de suivre une formation continue, à raison de quatre heures minimum par mois. Les services de déminage procéderont en parallèle à des tests "à l'aveugle" sur les lieux d'emploi des équipages pour s'assurer, entre autres, des capacités du binôme à intervenir et à détecter les produits.
Comment se profile l’organisation des JO 2024 ?
Nous devrions pouvoir commencer à délivrer des certifications à partir de janvier 2023. Toutes missions confondues, on estime le besoin pour les JO à 300 agents de sûreté cynophile et chiens en binômes.