Les masses de données, ou « big data », sont exploitées depuis longtemps dans la finance et le marketing, mais seulement depuis peu dans le secteur de l'aviation.
Pourtant, les informations collectées par les nombreux capteurs, puces embarquées, enregistreurs et instruments de mesure sont très précieuses et peuvent permettre d’éviter les incidents, ainsi que l'usure ou la mauvaise utilisation des équipements.
Explosion du trafic
La sécurité en vol est un enjeu majeur, d’autant plus que le trafic aérien mondial ne cesse de croître. En dix ans, il a augmenté de plus de 60 % et devrait atteindre 12 milliards de passagers par an en 2031.
Selon Alexandre de Juniac, président de l'Association internationale du transport aérien (IATA), « les données générées à partir des 100 000 vols chaque jour peuvent nous aider à comprendre où la prochaine menace peut survenir. Nous devons avancer dans ce domaine rapidement. ».
Avec les informations fournies par le programme Flight Data eXchange, il est déjà possible d’identifier les dangers potentiels en analysant les données des enregistreurs de vol des appareils.
Détecter les dangers en amont
La question du big data dans l'aéronautique est tellement riche et novatrice que des start-up s'y intéressent de près. Safety Line, société créée en 2010, analyse les données des boîtes noires et des radars pour améliorer l'efficacité et la sécurité du transport aérien.
L'objectif de Safety Line est de modéliser les risques à partir des centaines de données de vol disponibles afin de détecter les dangers en amont, et éviter notamment les accidents de « sortie de piste ».
L'analyse statistique, elle, permet de calculer la probabilité qu’un vol donne lieu à un atterrissage long à partir de données comme la masse de l'avion, le vent arrière, la sortie du train d'atterrissage, etc.
Nouveaux systèmes d'analyse
D’ici à 2026, les données générées annuellement dans le secteur de l’aéronautique devraient atteindre 98 milliards de gigaoctets. La dernière génération d’avions délivrera d’ici là 80 fois plus de données que les avions ancienne génération d'aujourd’hui. Il reste encore à améliorer le traitement de ces données en investissant dans des systèmes d'analyse ou d'intelligence artificielle avancés.
Les constructeurs l'ont bien compris et se mettent eux-mêmes au big data. Pour valoriser la mine d’informations enregistrées en vol, Boeing propose déjà aux compagnies aériennes une solution analytique en temps réel assurant plusieurs services, allant de l’optimisation de la gestion du carburant à l’élaboration du meilleur plan de vol possible en fonction des conditions météorologiques.
Airbus, de son côté, a dévoilé au Salon du Bourget 2017 Skywise, plate-forme de mégadonnées commune à différentes compagnies aériennes, qui devrait optimiser notamment la maintenance de leur flotte et les performances des appareils.